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PREMIER AMOUR

— Ah, bah ! répéta Zinaïda. Jetez un coup d’œil autour de vous : est-ce que la vie est si gaie ?… Eh bien ! est-elle gaie ? Croyez-vous que je ne comprenne pas ? que je ne sente pas ? Cela me plaît de boire de l’eau glacée… et pensez-vous me persuader qu’une vie pareille vaille la peine qu’on lui sacrifie le plaisir d’un moment ? je ne vous parle même pas de bonheur.

— Eh bien ! c’est un caprice chez vous ; le désir de vous montrer indépendante. Toute votre nature se résume dans ces mots.

Zinaïda eut un rire nerveux.

— Vous n’êtes plus au courant, cher docteur, vous êtes un mauvais observateur ; vous êtes arriéré… mettez vos lunettes… je ne suis pas en état de faire la capricieuse en ce moment ; vous faire passer pour sot, faire la sotte moi-même, n’est pas bien amusant. Quant à l’indépendance… Monsieur Valdemar,