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PREMIER AMOUR

mença à se plaindre de ses rhumatismes.

Je fus longtemps sans pouvoir dormir. Le récit de Zinaïda m’avait frappé. « Est-il possible qu’il y ait là une allusion ? Et y a-t-il réellement quelque chose à en déduire ? Que conclure ? Non, non ! c’est impossible », murmurai-je en me tournant d’une joue brûlante sur l’autre. Mais je me rappelais l’expression du visage de Zinaïda pendant son récit… Je me rappelais les exclamations que Louchine avait laissé échapper au jardin Neskoutchnoé, le changement inattendu de Zinaïda dans sa manière d’être vis-à-vis de moi, et je me perdais dans mes soupçons.

« Qui est-il ? »

Ces trois mots se dressaient sans cesse devant mes yeux ; je les voyais écrits dans l’obscurité : c’était comme un nuage sinistre et bas qui pesait lourdement sur moi et d’où je