Page:Tourgueniev - Premier Amour, trad. Halpérine-Kaminsky.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
PREMIER AMOUR

tinguait les ombres des arbustes et même les hautes fleurs. Les premiers instants de l’attente me parurent pesants, j’éprouvais une sorte de peur. J’étais décidé à tout, je réfléchissais seulement de quelle manière j’agirais. Allais-je dire en tonnant : « Où vas-tu ? Arrête ! parle, ou la mort ! » ou bien fallait-il carrément frapper ?…

Je me préparais, je me penchais en avant. Mais une demi-heure se passa, une heure, mon sang se tranquillisait et se refroidissait. L’idée que ce que je faisais en cet instant était inutile et même ridicule et que Malevsky s’était moqué de moi, commençait à entrer dans mon esprit. J’abandonnai mon poste ; je fis le tour du jardin. Et justement, comme par l’effet du hasard, tout était tranquille aux alentours ; tout dormait, même notre chien couché en rond comme une pelote près de la petite porte d’entrée. Je montai sur le mur en ruines de la