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PREMIER AMOUR

— Êtes-vous pressé en ce moment ? demanda-t-elle sans me quitter des yeux.

— Nullement.

— Voulez-vous m’aider à dévider de la laine ? Venez avec moi dans ma chambre.

Elle me fit une nouvelle invitation de la tête et sortit du salon. Je la suivis.

Dans la chambre où nous entrâmes, les meubles étaient rangés avec plus de goût que dans le salon. D’ailleurs, en ce moment, je n’étais à même de rien examiner, je marchais comme dans un rêve, plein d’une félicité qui allait jusqu’à me rendre stupide.

La jeune princesse s’assit, prit un écheveau de laine rouge, et, en me désignant une chaise devant elle, dénoua la laine avec soin et me la mit sur les mains. Elle fit tout cela silencieusement, avec une lenteur amusante et le même sourire à la fois serein et malicieux sur ses lèvres légèrement entr’ouvertes. Quand ses