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PREMIER AMOUR

— Pourvu qu’elle ne cherche pas à nous emprunter de l’argent ! dit ma mère.

— Il est probable au contraire qu’elle le cherche, fit tranquillement mon père ; parle-t-elle le français ?

— Très mal.

— Hum ! Du reste, cela importe peu. Tu m’as dit, je crois, que tu as aussi invité sa fille. On m’a assuré que c’était une jeune fille charmante et instruite.

— Ah ! dans ce cas, elle ne ressemble pas à sa mère.

— Ni à son père non plus, répondit mon père ; celui-là était instruit aussi, mais sot.

Ma mère soupira et resta rêveuse. Mon père se tut. Je me sentais très mal à l’aise pendant cette conversation.

Après le dîner, j’allai dans le jardin, mais sans fusil. Je me promis d’abord de ne point me rapprocher du jardin des Zassékine ; mais