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Page:Tremblay - Trouées dans les novales, scènes canadiennes, 1921.djvu/140

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Trouées dans les Novales

Les entrevues du dimanche, brèves et renchéri es de difficultés, avaient grandi leur attachement, comme cela arrive au temps des cousinages. Ils s’étaient, contentés des longs silences, des gaucheries tendres, des contemplations muettes à travers les yeux humides, et ils entrevoyaient tous les deux avec une joie non dissimulée le jour où ils pourraient enfin céder aux élans fous qui les poussaient l’un vers l’autre.

Il faut croire que les fées existaient encore à la campagne, car le jour où la Zoune arriva, tous les nids de chansons endormis dans les murs recouvrèrent, en secouant leur sommeil, les harmonies oubliées. Voyant la jeunesse entrer en robe claire et en cheveux blonds, les joies délaissées comprirent qu’on les appelait, et elles accoururent en toute hâte au devant de la visiteuse, avec le parfum des fleurs et les rayons chauds du soleil estival.