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Page:Tremblay - Trouées dans les novales, scènes canadiennes, 1921.djvu/145

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Les Voix Mortes

La Zoune savait bien que le soir venu elle allait voir Pitou, que celui-ci, galamment et pataudement, allait lui aider à laver la vaisselle. Cela finirait par des coups de torchons, puis les deux amoureux iraient un moment faire la causette sur la galerie, devant la grande chambre où reposait la mère Cador.

Chaque fois que le beau temps le permettait, la Zoune et Pitou se retrouvaient là, s’entretenaient à mi-voix, non pas pour se cacher — ils n’y songeaient même pas — mais pour éviter à la malade les fatigues d’une conversation trop bruyante.

Ce qu’ils se disaient dans ces causeries, c’était l’éternelle variation sur un même motif, vieux comme le monde, recommencé toujours, toujours à reprendre au moment où il s’achève. Ils étaient naïfs comme on l’est à la campapagne, c’est à dire beaucoup et très peu, et leur candeur en était plus belle.