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Page:Tremblay - Trouées dans les novales, scènes canadiennes, 1921.djvu/220

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Trouées dans les Novales

« apçons » et les « ains, » pour lui, étaient des instruments d’inutile cruauté.

C’était, dans la plus fine acception du mot, un virtuose du collet.

Dès le lever du soleil, Bidou prenait le chemin du Roi, descendait la côte à Maynard, un scion d’aulne sur l’épaule, un rouleau de cordonnet et de fil de laiton à la main et, dans son sac de coutil rayé, une croûte de pain et une brique de lard.

Il s’installait sur le pont, regardait un instant les belles carpes obèses qui se prélassaient gravement dans l’onde limpide, et commençait sa pêche, en fumant une bonne pipée de mousse sèche.

Certes, le pont n’avait pas une portée de proportions aussi vastes qu’il le faudrait pour franchir l’Atlantique, mais c’était un pont respectable de village, accusant un honnête tablier de dix-huit pieds sur douze, et donnant un débouché de quinze pieds.