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Page:Tremblay - Trouées dans les novales, scènes canadiennes, 1921.djvu/6

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de leurs talons sur la neige durcie. Le vent gémissait. Sa plainte monotone s’aiguisait en frôlant les arbres défeuillés.

J’étais seul, rêvant à la douceur du feu par les soirs de froidure, et je plaignais ceux-là que le travail ou les plaisirs attardent sur les routes. Dans la lumière affaiblie qui montait du foyer, les objets adoucissaient leurs contours, et le noir éteignait les valeurs. Un éclair taraudait un moment les ombres, et faisait jaillir une étoile au coin d’un meuble.

Le tic-tac endormant de l’horloge, la mélopée du vent pleurant au dehors, les vagues lumineuses alternant sur les murs avec les sautes d’obscurité, tout cela m’entraînait loin du vivoir, loin des temps, loin des êtres réels. Et je m’assoupis, doucement, en écoutant ma vieille horloge aux mouvements de bois.

Et je la vis se transformer. Les parois de sa gaine, polies comme une laque, se rompaient de lézardes. L’or vieilli