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Page:Tremblay - Trouées dans les novales, scènes canadiennes, 1921.djvu/88

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Trouées dans les Novales

d’emblée l’invitation au voyage, quitta la grand’ville, et bruyamment envahit un coin perdu de la rive sud laurentienne, un bourg tout verdi, tout fleuri par le chaud soleil de la fin juillet.

Le train mixte, formé de vagons et de vieux fourgons, bigarré de bleu, de jaune, de rouge et de vert, selon le genre et la provenance des voitures, cliquetait derrière une locomotive hideuse, dont la cheminée disproportionnée offre aujourd’hui, à la distance du souvenir, l’aspect d’une bouée renversée.

Tout cela faisait un bruit de ferraille, un déchirement de mécanisme inajusté, mais le train avançait quand même, lentement, dans un nuage de fumée noire et jaunâtre, dans une pluie de brindilles et de grosse poussière s’insinuant dans les fentes des carreaux branlants.

On arrive à grand fracas sous l’abri de la gare, et la machine s’arrête en secouant sa traînée vertébrée, qui grince métalliquement.