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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/106

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misère. Or, pour sortir de ce dédale, je ne vois qu’un moyen : commencer par instruire les femmes, parce que les femmes sont chargées d’élever les enfants males et femelles.

Ouvriers, dans l’état actuel des choses, vous savez ce qui se passe dans vos ménages. Vous, homme, le maître ayant droit sur votre femme, vivez-vous avec elle le cœur content ? dites : êtes-vous heureux ?

Non, non ; il est facile de voir qu’en dépit de votre droit, vous n’êtes ni content ni heureux.

Entre le maître et l’esclave, il ne peut y avoir que la fatigue du poids de la chaîne qui les lie l’un à l’autre. — Là où l’absence de liberté se fait sentir, le bonheur ne saurait exister.

Les hommes se plaignent sans cesse de l’humeur acariâtre, du caractère rusé et sourdement méchant, que manifeste la femme dans presque toutes ses relations. — Oh ! j’aurais bien mauvaise opinion de la race femme, si dans l’état d’abjection où la loi et les mœurs les ont placées, les femmes se soumettaient au joug qui pèse sur elles sans proférer un murmure. — Grâce à Dieu, il n’en est pas ainsi ! leur protestation, et cela depuis le commencement des temps, a toujours été incessante. — Mais depuis la déclaration des droits de l’homme, acte solennel qui proclamait l’oubli et le mépris que les hommes nouveaux faisaient d’elles, leur protestation a pris un caractère d’énergie et de violence, qui prouve qué l’exaspération de l’esclave est au comble[1].

Ouvriers, vous qui avez du bon sens et avec les quels on peut raisonner, parce que vous n’avez pas comme dit Fourier, l’esprit farci d’un tas de systèmes,

  1. Lisez la Gazette des Tribunaux. — C’est là, en face des faits, qu’il faut étudier l’état d’exaspération que manifestent aujourd’hui les femmes.