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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/13

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XIII

verses qui seraient à discuter ; mais, je le répète, à mon sens, il y a là le germe d’une grande institution à fonder. Si donc, vous êtes assez bonne, Madame, pour attacher quelque prix à mon opinion, permettez-moi de vous offrir mon bien sincère et vif assentiment.

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Permettez-moi de vous exprimer toute ma pensée. Je suis convaincu que chaque jour nous verrons s’accroître le nombre des voix qui s’élèveront pour défendre ce grand intérêt des classes laborieuses si longtemps abandonnées. Il y a là une question de morale et de justice qui, une fois mise à nu, ne peut être délaissée. C’est une cause gagnée du moment où elle est discutée. Mais soyez sûre, Madame, que les meilleurs avocats de cette noble cause seront ceux qui la défendront gratuitement. Quelques-uns auraient beaucoup de répugnance à recevoir une récompense, d’ailleurs si légitime, de leurs efforts ; et notre société est ainsi faite, que la voix des défenseurs serait moins puissante si on la croyait un peu intéressée. L’exemple d’O’Connell ne doit pas nous faire illusion. La rente nationale lui a été faite, bien moins pour l’aider à servir l’Irlande, que comme récompense de l’avoir servie, ou plutôt elle a eu ce double objet. O’Connell rendait déjà depuis plus de dix ans, à l’Irlande, les plus immenses services que jamais aucun homme ait rendus à son pays, lorsque le peuple irlandais l’a honoré d’un salaire national. Il est certain que rien ne se peut faire au profit de la meilleure cause sans beaucoup d’argent ; mais ce serait l’association seule, si une fois elle était formée, qui devrait recevoir pour agir dans l’intérêt commun. — Il y a du reste, là, matière à longue délibération. Pour moi, Madame, qui suis engagé dans un ordre de travaux qui m’absorbe tout entier, je ne puis m’associer que de loin à des intentions dont je reconnais l’excellence. Je suis du reste très convaincu, qu’avant de recevoir leur accomplissement pratique, les bonnes idées, contenues dans votre livre, ont besoin d’être livrées à la controverse et de pénétrer ainsi dans le sentiment public, et je ne connais pas de meilleur apôtre de ces idées que celle qui les a conçues,

Gustave de Beaumont,
(Député de la Sarthe.)