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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/165

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L’UNION, l’harmonie, ici-bas tout vient d’elles !
Ô mes frères, voyez les pauvres hirondelles,
Sur l’aile du printemps revenir vers nos cieux !
Voyez combien d’amour ces doux oiseaux contiennent,
Pour que sur l’Océan ensemble ils se soutiennent,
Quand la tempête fond sur eux !

Qu’importent les éclairs, la hache et les tonnerres,
À ces grands bois peuplés de chênes centenaires ?
Sur leurs troncs resserrés se brisent les autans ;
Et ces vastes forêts, vieilles comme le monde,
Défiant des hivers le vent qui les émonde,
Reverdissent chaque printemps.

Voyez, quand la mer veut reculer ses rivages !
Elle évoque des flots les escadrons sauvages ;
Les flots, à son appel, accourent le front haut,
Sur la sobre falaise ils tombent tous ensemble,
Et sous leur choc puissant la chaîne des rocs tremble
Et s’écroule au second assaut.

Voyez encor les fleurs, les pauvres fleurs des plaines,
De miel et de parfums leurs corolles sont pleines ;
Leur calice vit d’air, de rosée et d’amour.
Longtemps sur leurs fronts purs rayonne une auréole,
Tandis que toute fleur, qui de ses sœurs s’isole,
Naît et meurt, flétrie en un jour.

Ô mes frères ! suivons ces sublimes modèles.
Unissons nos efforts comme les hirondelles,
Comme les bois, les flots, comme les pauvres fleurs,
Unissons nos esquifs pour traverser la vie,
Cette mer orageuse ou toute âme est suivie
D’un long cortège de douleurs.