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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/178

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ment dans la voie du progrès, abordant de front les questions de l’ordre social les plus avancées et ne craignant pas de donner sur ces questions des solutions claires et précises. — 3o De l’argent, non versé par un seul bailleur de fonds, mais de l’argent fourni par des milliers de personnes coopérant à l’œuvre en devenant chacune, en raison de son petit apport, propriétaire intéressée à la réussite du journal.

L’UNION OUVRIÈRE posséderait déjà les deux premières conditions, — car elle aurait l’idée, le but, et trouverait facilement des rédacteurs tels qu’il le faudrait. — Il ne lui manque donc plus que la troisième condition : l’argent, moteur indispensable dans toutes les entreprises.

Si les prolétaires, petits bourgeois et ouvriers, comprenaient bien qu’il y va de leurs propres intérêts à ce que leur existence de citoyens soit enfin représentée, leurs droits d’hommes soient enfin discutés et réclamés, par des écrivains sérieux, honnêtes et dignes, je n’en doute pas, chacun comprenant l’importance de l’œuvre, s’empresserait d’y concourir, et dès lors l’argent nécessaire à la fondation d’un journal tel que celui-ci se trouverait en quelques semaines. — Mais hélas ! personne aujourd’hui, dans la société, soit propriétaire, soit prolétaire, ne comprend ses véritables intérêts.

Cherchant à avoir le plus d’actionnaires possible, je pense qu’on pourrait créer une série d’actions ainsi divisées. — 1re : 500 fr. — 2e : 250 fr.. — 3e : 100 fr. — 4e : 50 fr. — 5e : 25 fr. — 6e : 15 fr. — 7e : 10 fr. — 8e : 5 fr. — D’après ce mode, le prix des actions se trouverait à la portée de toutes les bourses, depuis celle des riches, pouvant prendre une action de 500 fr., jusqu’à celle du pauvre ouvrier, pouvant atteindre à une action de 5 fr..

Les actions porteront intérêt à 4 pour 100, et le dividende selon les bénéfices viendra ajouter au revenu.

Le prix de l’abonnement serait de 15 fr. par an. — Les ouvriers du même atelier et du même voisinage pourront s’associer 3, 4, 5 et 6 pour prendre un abonnement, ce qui serait pour chacun une très petite dépense.

Je jette ici l’idée de ce journal sans en espérer la réalisation ; cependant il ne faut désespérer de rien ; ce que les hommes ont repoussé hier, ne comprennent pas aujourd’hui, demain, peut-être ils l’accepteront, et se mettront à l’œuvre pour réaliser une chose toute simple, qui, pendant des siècles, aura été réputée utopie et impossible.