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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/34

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XXXIV

de chez ces amis du peuple, qui ont toujours le grand mot fraternité au bout de leur plume, des larmes d’indignation ont brûlé mes joues.

Pauvre peuple !… Tes soi-disant amis se servent de toi… mais au fond aucun d’eux n’a réellement l’intention de te servir.

Je ne parlerai pas non plus du courage qu’il m’a fallu pour persévérer dans l’accomplissement de ma tâche. Dans un temps d’égoïsme et de Robert-Macairisme comme le nôtre, se présenter chez des gens dont on n’est pas connu et oser leur demander de l’argent pour faire imprimer un livre dont le but est d’apprendre au peuple quels sont ses droits, certes, c’était là exécuter un véritable tour de force.

Jésus avait raison lorsqu’il disait : — « Ayez la foi et vous transporterez des montagnes.>> — Je viens d’expérimenter par moi-même qu’il disait là l’exacte vérité. Pendant près d’un mois que dura ma vie apostolique (en action), je ne me suis pas senție une minute de découragement. — Et cependant que de déceptions n’ai-je pas eu à souffrir, sans compter les rebuffades grossières de certains bourgeois parvenus, qui me prenaient tout bonnement pour une pauvre femme de lettres demandant l’aumône. Il serait très curieux de raconter toutes les scènes étranges