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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/46

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AUX OUVRIERS ET AUX OUVRIÈRES.


Ouvriers et Ouvrières,

Écoutez-moi : — Depuis vingt-cinq ans, les hommes les plus intelligents et les plus dévoués ont consacré leur vie à la défense de votre sainte cause[1] ; ils ont, par des écrits, des discours, des rapports, des mémoires, des enquêtes, des statistiques, signalé, constaté, démontré au Gouvernement et aux riches que la classe ouvrière est, en l’état actuel des choses, placée matériellement et moralement dans une situation intolérable de misère et de douleur ; — ils ont démontré que, de cet état d’abandon et de souffrance, il résultait nécessairement que la plupart des ouvriers, aigris par le malheur, abrutis par l’ignorance et un travail excédant leurs forces, devenaient des êtres dangereux pour la société : — ils ont prouvé au Gouvernement et aux riches que non seulement la justice et l’humanité imposaient le devoir de venir au secours des classes ouvrières par une loi sur l’organisation du travail, mais que même l’intérêt et la sûreté générale réclamaient impérieusement cette mesure : — Eh bien ! depuis vingt-cinq ans, tant de voix éloquentes n’ont pu parvenir à éveiller la solli-

  1. Saint-Simon, Owen, Fourier et leurs écoles ; Parent-Duchâtelet, Eugène Buret, Villermé, Pierre Leroux, Louis Blanc, Gustave de Beaumont, Proudhon, Cabet ; — et parmi les ouvriers, Adolphe Boyer, Agricol Perdiguier, Pierre Moreau, etc.