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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/61

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Elle a pour but :

1o De CONSTITUER L’UNITÉ compacte, indissoluble de la CLASSE OUVRIÈRE ; — 2o De rendre, au moyen d’une cotisation volontaire donnée par chaque ouvrier, l’UNION OUVRIÈRE propriétaire d’un capital énorme ; — 3o D’acquérir, au moyen de ce capital, une puissance réelle, celle de l’argent : — 4o Au moyen de cette puissance, de prévenir la misère et d’extirper le mal dans sa racine, en donnant aux enfants de la classe ouvrière une éducation solide, rationnelle, capable d’en faire des hommes et des femmes instruits, raisonnables, intelligents et habiles dans leur profession ; — 5o De récompenser le travail tel qu’il doit l’être, grandement et dignement.

Ceci est trop beau ! va-t-on s’écrier. C’est trop beau : or, c’est impossible.

Lecteurs, avant de paralyser les élans de votre cœur et de votre imagination par ce mot glacial : c’est impossible, ayez toujours présent à l’esprit que la France renferme 7 à 8 millions d’ouvriers ; qu’à 2 fr. de cotisation, cela fait au bout de l’année 14 millions ; — à 4 fr., 28 millions ; — à 8 fr., 56 millions ; — Ce résultat n’est nullement chimérique. Parmi les ouvriers il y en a qui sont aisés, et surtout beaucoup qui ont l’âme généreuse : les uns donneront 2 fr., les autres 4, 8, 10 ou 20 fr. — et songez à votre nombre, 7 millions[1] !

  1. L’UNION OUVRIÈRE, telle que je l’ai conçue, aurait pour but : 1o de constituer la classe ouvrière proprement dite, et pour but ultérieur, de rallier dans une même pensée les 25 millions de travailleurs non propriétaires de toutes conditions que l’on compte en France, afin de défendre leurs intérêts et de réclamer leurs droits. — La classe ouvrière n’est pas la seule qui ait à souffrir des priviléges de la propriété : les artistes, les professeurs, les employés, les petits commerçants et une foule d’autres gens, même les petits rentiers, qui ne possèdent aucune