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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/67

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puisse jouir sûrement et avec garantie de sa propriété (comme le veut l’art. 8), il faut qu’on lui reconnaisse en principe (et aussi en réalité) la libre jouissance et garantie de sa propriété. Or, l’exercice de cette libre jouissance de propriété consisterait pour elle à pouvoir utiliser ses bras quand et comment il lui plairait, — et pour cela, il faut qu’elle ait droit au travail. — Quant à la garantie de la propriété, elle consiste dans une sage et équitable ORGANISATION DU TRAVAIL.

La classe ouvrière a donc deux importantes réclamations à faire : 1o LE DROIT AU TRAVAIL ; — 2o L’ORGANISATION DU TRAVAIL.

Mais, va-t-on dire encore, ce que vous demandez pour la classe ouvrière est impossible. — Le droit au travail ! elle ne l’obtiendra pas. Cette réclamation, toute juste et légale qu’elle soit, sera considérée comme une attaque à la propriété proprement dite (terres, maisons, capitaux), — et l’organisation du travail sera considérée comme une attaque aux droits de la libre concurrence : or, comme ceux qui mènent la machine gouvernementale, sont des propriétaires de terres et de capitaux, il est évident qu’ils ne consentiront jamais à accorder de pareils droits à la classe ouvrière.

Entendons-nous : — Si dans l’état de division et d’isolement où sont les ouvriers, ils s’avisent de réclamer le droit au travail et l’organisation du travail, les propriétaires ne leur feront pas même l’honneur de considérer leur réclamation comme une attaque : ils ne les écouteront pas. — Un ouvrier de mérite (Adolphe Boyer), a fait un petit livre dans lequel il réclame l’un et l’autre : — personne n’a lu son livre. Le malheureux, de chagrin et de misère, et peut-être aussi dans la pensée que sa fin tragique ferait lire son écrit, s’est tué. — Un instant la presse s’est émue, pendant quatre jours, huit jours peut-être ; — puis le sui-