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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/77

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haute supériorité en enseignant à ses disciples à honorer le travail manuel. — Après avoir posé la loi, il

    aujoord’hui, chez l’imprimeur Everat une place qui procure un traitement annuel de 6,000 fr.
    » Cependant, à l’échéance de l’obligation qu’il avait contractée, M. le baron de Beauséjour a refusé de l’acquitter, et de nombreuses démarches, de puissants intermédiaires, n’ont pu vaincre son refus. M. Phiquepal s’est donc trouvé dans la pénible nécessité de l’actionner judiciairement, ainsi que son neveu. Celui-ci ne s’est pas contenté de repousser la demande principale, il a formé contre M. Phiquepal une demande reconventionnelle en 25,000 fr. de dommages-intérêts, fondée sur le vice et l’insuffisance de son éducation. Il sera curieux, sans doute, d’entendre comment il cherchera à justifier cette prétention. »

    L’avocat, abordant la discussion, soutient que M. de Beauséjour savait parfaitement que l’instruction donnée à son neveu était tout agricole ; qu’il connaissait le genre d’exercices auxquels il se livrait ; qu’on lui avait dit que son neveu s’entendait mieux à construire une cabane ou à diriger une barque qu’à disserter en grec ou en latin, et qu’étant informé de tous ces faits lorsqu’il a souscrit l’obligation de 7,200 francs, il ne peut aujourd’hui en refuser le paiement.
    Quant à la demande reconventionnelle d’Amédée Dufour, elle se réfute par la position même qu’il occupe en ce moment. S’il a été capable de la remplir, il le doit en grande partie à l’éducation qu’il a reçue dans la colonie de New-Harmony.
    Me Flandin, dans l’intérêt de M. le baron de Beauséjour, combat la demande principale. Dans une discussion rapide, il établit que M. Phiquepal n’a en aucune façon rempli le mandat qui lui avait été donné. Au lieu de nourrir l’esprit de son élève des lettres et des sciences, il en avait fait un sauvage, un véritable Huron. M. de Beauséjour ne croit pas devoir le remercier pour cela ; bien au contraire.
    « Quant à l’obligation de 7,200 francs, lorsqu’il l’a souscrite provisoirement, M. de Beauséjour n’avait pas encore revu son neveu ; il ignorait tout ce qui s’était passé à New-Harmony. En voyant avec plaisir Amédée engagé dans un voyage qui pouvait, bien dirigé, devenir très profitable, il était loin de croire qu’on