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Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/9

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IX

L’ouvrier français est un être à part, ne ressemblant en rien à l’ouvrier des autres pays. — Il y a chez lui un je ne sais quel amour du mot liberté, poussé vraiment jusqu’à l’exaltation, à la folie ! — Ce mot liberté (qui jusqu’ici n’est qu’un mot), implanté dans son esprit, depuis 89, par une puissance mystérieuse et surhumaine, y trône avec la tyrannie de l’idée fixe. — Tel est l’ouvrier français : il préfère subir les chômages, la misère, la faim !… plutôt que de perdre ce qu’il nomme — sa liberté. — Or, il repousse, sans même vouloir examiner, le droit au travail, parce qu’il voit dans la réalisation de ce droit une espèce d’enrégimentation. Il n’en veut donc point et le repousse avec horreur. Plutôt mourir de faim, s’écrie-t-il, mais du moins mourir libre !

Depuis six mois que je parle aux ouvriers, faisant preuve, moi aussi, d’une patience dont je ne me croyais pas capable, je m’y suis prise de toutes les manières pour leur démontrer que la réalisation du droit au travail, tel que je le demandais, n’amènerait jamais pour eux l’enrégimentation qu’ils redoutent si fort. — Mais vouloir faire entendre raison à un homme dont l’esprit est possédé par une idée fixe, c’est vouloir que les sourds entendent et que les aveugles voient. Plus vous cherchez à persuader cet homme par de bonnes raisons, plus son dada galope dans son cerveau et lui trouble l’entendement. Aussi ai-je vu jusqu’à présent mes efforts rester infructueux.

De tous les moyens indiqués dans mon livre pour l’amélioration du sort de la classe ouvrière, un seul a vivement frappé l’attention de tous les ouvriers et ouvrières. — Le PALAIS de l’UNION OUVRIÈRE. —

Sur ce point je trouve même tout le monde d’accord.

Voici comment j’explique cet accord,