Page:Trollope - La Pupille.djvu/129

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que lors de son premier séjour à Combe. En effet, mistress Barnes attendait miss Martin Thorpe au sortir de sa voiture pour lui présenter la main, et Jean, en grand deuil, ainsi que la vieille femme de charge, se tenait droit contre la porte, afin d’ouvrir à sa nouvelle maîtresse.

La jeune fille annonça à son intendant qu’elle allait monter à sa chambre, qui était celle qu’elle avait eue à Noël, afin de se rhabiller, et qu’ensuite elle désirait trouver le dîner prêt pour six heures.

Miss Robert s’acquitta très-adroitement de son métier de femme de chambre, et à l’heure indiquée miss Martin Thorpe entra dans la salle à manger, élégamment habillée d’une robe de soie neuve.

Après le dîner, elle renvoya ses gens en demandant le café et des lumières dans le salon, et resta seule, enfin, devant du sherry, des oranges et du pain d’épices des Indes. Elle jeta alors un regard à la fois triomphant et investigateur autour d’elle, et reconnut que ses ordres avaient été ponctuellement exécutés. Les étagères étaient couvertes d’argenterie, de verroterie fine, de tasses, de cafetières et de théières dorées. Les housses étaient levées ; de riches draperies pendaient aux fenêtres ; les lustres, débarrassés de leur enveloppe, étaient garnis de bougies de cire ; en un mot, l’appartement semblait prêt à recevoir une illustre société.

En entrant dans son salon brillamment éclairé, elle sourit avec fierté, puis, reprenant ses instincts cupides, elle regarda avec soin tous les objets, les estimant l’un après l’autre dans son esprit, et murmurant, en se souriant à elle-même, qu’elle était bien digne du bonheur d’avoir hérité, car personne plus qu’elle ne pouvait adorer l’argent et le bien-être.

Après cette revue, elle s’étendit mollement sur des coussins et se prit à réfléchir sur sa position.

« Décidément, pensait-elle, si c’était à refaire, je ne