Page:Trollope - La Pupille.djvu/131

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Quand un valet entra, elle le chargea d’aller appeler Barnes, qui parut bientôt, et, s’approchant avec empressement de sa nouvelle maîtresse, lui demanda comment elle avait passé la nuit.

« Assez bien, merci, Barnes, mais je serai encore mieux dans la chambre que j’ai l’intention d’habiter. Pour le moment, je vous ai fait venir afin que vous me guidiez dans la revue que je veux passer de tous mes appartements.

— Je craindrais que vous ne fussiez pas satisfaite de cette visite, madame : car les fenêtres ne sont pas ouvertes et vous seriez obligée d’attendre, dans l’obscurité, que chaque chambre fût éclairée.

— Cela ne me plairait, en effet, nullement, Barnes, répondit l’héritière ; allez dire que toutes les chambres soient ouvertes immédiatement, et, comme j’ai à vous parler, revenez sans retard : nous aurons une heure pour causer. »

Pendant l’absence de sa femme de confiance, miss Martin Thorpe chercha s’il valait mieux, conformément aux lois de la noble fierté, laisser mistress Barnes debout pendant cette conversation, ou si au contraire, et pour se faire aimer d’elle, elle devait faire asseoir la vieille amie de son oncle auprès d’elle. Cette dernière alternative l’emporta sur la première, et quand mistress Barnes revint :

« Asseyez-vous, lui dit-elle avec douceur, car nous avons beaucoup à causer et je n’aimerais pas à vous voir tout ce temps debout. Je dois vous dire, Barnes, que j’ai invité le major Heathcote et sa famille à venir passer chez moi l’année que doit encore durer ma minorité. Il est clair que ces arrangements ne peuvent m’être agréables en aucune façon ; mais ils sont si pauvres, si malheureux, que réellement c’est une charité à leur faire. Ils doivent dépenser une partie de