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CHAPITRE XXIV.


Le lendemain matin, à une heure très-matinale, lord Broughton et son ami M. Jenkins arrivèrent à Thorpe-Combe, et firent demander le major Heathcote et miss Martin Thorpe. Le major, sa femme et sa fille, étaient déjà installés, suivant leur habitude, dans le pavillon de sir Charles ; mais Sophie se tenait dans son boudoir avec miss Brandenberry, cherchant avec elle les défauts, les ridicules et le côté attaquable de toutes les personnes, hommes et femmes, qu’elles avaient vus au bal la veille. En entendant annoncer les deux visiteurs, Sophie tressaillit, miss Brandenberry sauta sur sa chaise ; mais la maîtresse de la maison, reprenant son expression habituelle de froideur, ordonna qu’on les fît monter.

Les manières, la conversation et la personne de lord Broughton, étaient éminemment distinguées. Il n’était ni gai ni triste, et semblait avoir besoin d’une certaine émulation pour donner à ses façons un genre un peu plus individuel.

Il n’en était pas de même de M. Jenkins : tout en lui était essentiellement original, et ce n’était pas trop du patronage de lord Broughton pour le faire tolérer par Sophie. Il portait, au lieu de chapeau, un bonnet de drap écarlate brodé d’or, qui contrastait singulièrement avec le reste de son costume. Son pantalon jaune-clair, d’un tissu inconnu, était d’une dimension extravagante ; son gilet, couleur fumée, mal boutonné, laissait