Page:Trollope - La Pupille.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pensait à l’effet que sa sortie avait dû produire. Tout à coup, à sa grande surprise, M. Brandenberry parut devant elle. Quoique assez émue de se trouver seule avec son adorateur à cette heure avancée, dans sa chambre parfumée, Sophie se remit bientôt, pria son voisin de s’asseoir et de lui apprendre le motif de sa visite.

« Je suis venu pour vous donner un conseil qui peut vous être précieux, chère miss Martin Thorpe, répondit Richard avec émotion. J’espère que cela fera excuser mon indiscrétion, ajouta-t-il en voyant le visage disgracieux de Sophie se détendre un peu et parvenir enfin à lui sourire.

— Vous n’avez pas besoin d’excuse, cher voisin ; je suis persuadée que mon intérêt vous a seul guidé jusqu’ici, reprit Sophie avec tant de charme et de coquetterie que l’amoureux Richard se crut enfin l’heureux possesseur de son cœur et comprit que ses affaires étaient en bon chemin.

— Je venais donc vous annoncer que j’ai trouvé un moyen d’éviter les procès et les difficultés que peut engendrer votre désir de changer de tuteur. À votre place j’écrirais à sir Charles que, ne pouvant plus tolérer les Heathcote chez vous, vous le priez de vous en débarrasser le plus vite possible et de vous autoriser à garder auprès de vous une amie plus âgée que vous qui vous servirait de chaperon dans le monde jusqu’à votre majorité. Ma sœur se met à votre disposition ; elle est toute prête à vous dévouer sa vie et ses soins, si vous acceptez sa proposition. »

Sophie avait écouté ce projet avec attention ; quand M. Brandenberry eut terminé son récit, elle réfléchit longtemps avant de répondre ; enfin elle dit avec une certaine animation :

« Vous êtes bons et obligeants tous les deux, mon ami ; mais je ne puis vous donner de réponse en ce