Page:Trollope - La Pupille.djvu/217

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— Le jeune homme qui nous a… »

Mais mistress Giles interrompit son mari, et, s’approchant vivement de Sophie, elle reprit avec respect :

« Ce jeune homme est mort, il nous intéresse donc fort peu. Aussi est-il de notre devoir d’écouter avec respect tout ce que madame daignera nous faire l’honneur de nous dire sur lui ou autrement. »

Sophie fronça le sourcil et reprit avec une fermeté mêlée de colère :

« J’ai examiné le testament de M. Thorpe, bonnes gens, et je dois vous dire que vous avez tort de trop compter dessus. Je sais que vous ne connaissez rien aux lois et que je ne puis m’offenser de votre ignorance ; mais il est de mon devoir de vous annoncer que M. Thorpe m’a légué tout son bien, et que, s’il parle de votre pension, il ne mentionne pas votre maison.

— Je sais fort bien ce qu’a fait notre cher maître, répondit mistress Giles en souriant ; il vous a tout laissé jusqu’à ce que son fils revienne… C’est une folie, je le veux bien. Mais ce qui est plus positif, c’est qu’il ne vous a légué que ce qu’il possédait ; et comme, pour contenter le noble jeune homme dont vous parliez si bien tout à l’heure, il nous avait fait don de cette habitation, vous ne pouvez pas dire qu’il en ait disposé en votre faveur.

— Très-bien, monsieur Giles ; puisque vous entendez si bien vos intérêts, vous allez voir que je comprends aussi les miens. Puisque cette maison vous appartient, je n’y viendrai jamais, mais aussi vous n’entrerez pas chez moi, je vous le jure. La grille qui amène ici va être condamnée, avec l’ordre que personne n’y passe, de telle sorte que je vous coupe toutes communications avec le dehors. Si vous mourez faute d’aliments, ce sera votre faute et non la mienne ; vous n’avez qu’à quitter cette maison.