Page:Trollope - La Pupille.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Au reçu de ces lettres, mistress Barnes apprit qu’il fallait se préparer à recevoir une douzaine de personnes, proches parents de son maître, et pourvoir au logement, à la nourriture et au service de tout ce monde pendant quinze jours. Les efforts de mistress Barnes et de sir Charles firent bientôt ressembler la propriété de Combe au palais d’Aladin, si ce n’est que la volonté et l’argent remplacèrent la lampe et la bague merveilleuses.

Malgré son apparente indifférence, M. Thorpe était enchanté de l’activité de ses serviteurs et de la complaisance de sir Charles, et souvent il parcourait sa maison, si promptement restaurée, d’un regard radieux, qu’obscurcissait parfois un nuage de tristesse momentanée, souvenir de sa pauvre femme, dont la perte l’affectait encore profondément. Le grand jour arriva enfin, ainsi que les convives attendus. La première voiture qui traversa l’avenue de Combe fut la vieille chaise de poste contenant le major, mistress Heathcote et Sophie Martin, écrasée entre eux, tandis qu’Algernon et Florence étaient perchés devant, sur deux grosses caisses qui contenaient une partie des effets de la famille.

Le domestique français de sir Charles Temple, l’ancien cocher de sa mère, son fils Dick et Jem étaient rangés dans le vestibule, et portaient une brillante livrée, tandis que Grimstone l’intendant attendait à la porte du salon, prêt à annoncer bruyamment les convives.

Si ces valets faisaient tranquillement et paisiblement leur ouvrage, il n’en était pas de même de la nerveuse mistress Barnes. En ce moment décisif, elle se tenait sur le premier palier du grand escalier, rappelant par sa toilette et sa tenue le vrai type de la femme de charge d’un gentilhomme campagnard veuf, et dont la gouvernante est maîtresse absolue dans la maison. Sa nièce Nancy était avec deux autres jeunes filles à l’étage supé-