Page:Trollope - La Pupille.djvu/232

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— Mais nous commençons à nous entendre beaucoup mieux, et je suis sûre que nous nous accorderons très-bien à l’avenir. De toutes façons, et jusqu’à nouvel ordre, je vous serais fort obligée, sir Charles, de ne point parler de ma lettre aux Heathcote, pas plus que des projets que j’ai abandonnés complètement. Jusqu’à présent ils n’en ont point eu connaissance.

— J’ai le plus vif désir de vous être agréable, miss Martin Thorpe, répondit le baronnet, parfaitement persuadé par la douceur de sa pupille qu’elle regrettait ses mauvais procédés envers sa famille ; mais Algernon a vu votre lettre quand je l’ai reçue. »

En entendant ces mots, Sophie fronça les sourcils et se creusa deux rides profondes et menaçantes dans le front. Ces preuves de colère violente apprirent au jeune tuteur qu’il s’était trompé en la croyant repentante, et le détermina à soustraire Florence et sa famille aux regards haineux et aux humiliations que l’héritière ne leur épargnerait pas. Cependant il promit de ne point parler au major de ce désir passager, à moins qu’Algernon ne commençât la confidence à son père et ne le poussât à en connaître les détails.

« Dans ce cas, je vous demanderai la permission de leur parler la première.

— Tout cela étant conclu, nous pouvons donc rejoindre la société, reprit sir Charles en se levant.

— Certainement, » répondit l’héritière en souriant avec grâce ; et ils descendirent l’un et l’autre.

Rien ne pourrait surpasser la manière aimable et affectueuse dont Sophie se conduisit avec sa famille ; elle fut convenable avec Algernon, et, si chacun n’avait pas été trop agréablement occupé pour rien remarquer, les Heathcote, en comparant la conduite de miss Martin Thorpe à ce qu’elle était ordinairement, se seraient demandé d’où lui venait cette affabilité, à laquelle ils