Page:Trollope - La Pupille.djvu/281

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À cet effet, il invita ses hôtes à passer une autre semaine chez lui et partit pour Broad-Grange, où il désirait assister au retour des fugitifs.

M. Thorpe avait bien calculé l’époque de leur retour, et arriva à temps pour recevoir dans leur cour M. et Mme Brandenberry, au débarqué de leur chaise de poste.

L’amoureux Richard sauta lestement de voiture et tendit la main à Sophie, qui descendit gaiement après lui.

Mais elle éprouva une émotion assez peu agréable en apercevant son cousin Cornélius ; cependant, réprimant soudain sa terreur, elle entraîna doucement son mari vers M. Thorpe en disant tendrement :

« Voici l’homme qui pouvait empêcher notre mariage, mon cher Richard ; mais, grâce au ciel, il est trop tard maintenant.

— Est-ce que M. Brandenberry ignore mon retour, Sophie ? demanda très-sérieusement M. Thorpe en s’approchant des nouveaux mariés.

— Oui, monsieur, et vous pouvez le lui apprendre si cela vous convient, répondit-elle avec un aplomb surprenant.

— Puis-je savoir à qui j’ai l’honneur de parler ? murmura enfin M. Brandenberry, assez étonné de la familiarité de sa femme avec cet étranger.

— Assurément, monsieur Brandenberry, vous avez plus que tout autre le droit de me connaître, et, si vous ne me reconnaissez pas, je vais vous dire mon nom, » répondit M. Thorpe en regardant fixement le jeune marié et en souriant d’une manière tout particulière.

M. Brandenberry regarda son étrange visiteur pendant quelques minutes, sans que l’effroyable vérité lui vînt à l’esprit ; mais tout à coup il comprit son malheur et l’infâme calcul de Sophie.