Page:Trollope - La Pupille.djvu/42

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— Vont-elles chanter à la fin ? ont-elles déjà commencé ?

— Non, elles ont parlé tout le temps et ne semblent pas pressées ; s’il y avait de jeunes officiers dans la salle à manger, je croirais qu’elles les attendent.

— Elles attendent plutôt l’oncle Thorpe pour briller devant lui. Je croirais volontiers que ces trois élégantes personnes comptent hériter de notre oncle. N’est-ce pas, maman ?

— Algernon, si vous devenez aussi insupportable en recouvrant la santé, nous vous enverrons à Sandhurst dès notre retour ; vous pouvez y compter.

— Mais, chère mère, continua le garçon en se rapprochant de la grosse maman, vous savez bien que rien ne m’est favorable comme la gaieté. Voyons, voulez-vous me permettre de m’amuser un peu de ces superbes jeunes dames, dites, voulez-vous ?

— Je ne puis vous en empêcher, mauvais garnement ; comment le pourrais-je ? Seulement, soyez sûr que vous irez au collège, Algernon… Vous riez, mais c’est cependant sérieux, continua la bonne dame en jouant avec les beaux cheveux du jeune garçon.

— C’est bien, mère, j’irai ; mais, pendant que je suis ici, il faut que vous riiez avec moi de ces Wilkyns qui seront bien vexées, si tout va comme je le prévois.

— Quoi ? de quoi parlez-vous, petit fou ?

— Mais croyez-vous donc que je ne sache pas ce que nous sommes venus faire ici ?

— Vous êtes beaucoup trop intelligent, monsieur Algernon. Qui vous a dit cela ?

— Qui m’a dit que nous venions ici pour que l’oncle Thorpe fît choix d’un héritier parmi nous ? c’est Bridget qui me l’a d’abord appris ; ensuite vous savez bien que tout le monde en parle : ainsi ne cherchez pas à prendre