Page:Trollope - La Pupille.djvu/7

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— Mais sans doute, vieille folle.

— Et dans quel moment, monsieur ?

— Ah mais, que signifie cela, Barnes ? comme vous aimez à bavarder ! Je vous ai dit que je voulais lui parler demain, après mon déjeuner, et il n’est pas probable que j’aille le chercher moi-même, n’est-ce pas ? Voyons, allez-vous-en ; je souffre à force de parler. »

Mistress Barnes partit après cet ordre positif, qui lui plaisait du reste infiniment, car elle était ravie de ce que son maître lui avait ordonné d’envoyer à Temple pour faire chercher sir Charles, qui devait les aider dans leurs préparatifs.

Le lendemain, un soleil clair et brillant vint calmer les nerfs agités de la femme de charge, et, en passant de sa chambre dans la salle à manger, M. Thorpe aurait pu déjà s’apercevoir des heureux résultats du dialogue de la veille. Mais il s’occupait peu de cela, et, tranquillement assis dans un bon fauteuil, il était absorbé par la lecture d’une chronique française qui lui faisait même oublier son déjeuner inachevé. Cependant un bruit de pas sous sa fenêtre lui fit lever les yeux, et il aperçut le visage qu’il préférait à tous les autres. Un jeune homme d’une jolie taille, portant une veste blanche, de grandes guêtres de chasse et un fusil sous son bras, lui fit un sourire amical en passant devant lui. Un instant après, sir Charles Temple entrait dans la chambre.

« Qu’y a-t-il pour votre service ? dit le jeune homme en se tenant immobile devant son vieil ami.

— Pour mon service ? répéta M. Thorpe en souriant.

— Oui, dit sir Charles ; parlez vite, car j’ai deux jeunes fermiers qui m’attendent avec des chiens sur la colline, et, si vous me laissez partir, je vous promets des lapins et des alouettes pour un mois.

— Oh ! cher Charles, pourquoi êtes-vous venu ? Je dé-