Aller au contenu

Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce tragique événement arriva au printemps, et le malheureux père pensa qu’il ne lui restait plus qu’à mourir ; mais sa santé, bien que faible, était plus forte qu’il ne le croyait, et sa sensibilité, bien que vive, l’était peut-être moins qu’il ne l’imaginait, car, au bout d’un mois, il réfléchit qu’il valait mieux vivre pour conserver un asile à sa fille et essayer, s’il était possible, d’économiser quelque chose pour elle. Ce dernier point était peut-être difficile à réaliser avec le caractère de M. Amadroz. Cependant les vieux chevaux de voiture furent vendus et le parc affermé jusqu’aux portes du château.

Ce château n’était en réalité qu’une grande maison assez laide, bâtie du temps de Georges II, et prenait son titre d’une vieille tour isolée à laquelle, depuis plusieurs générations, les garçons de la famille avaient coutume de grimper en s’accrochant au lierre qui la tapissait. Le domaine était substitué et devait, après la mort de M. Amadroz, revenir à un cousin éloigné, M. William Belton. Les habitants de la petite ville, qui aimaient leur squire pour sa belle prestance et ses grandes manières, quoiqu’il n’eût de sa vie fait de bien à personne, voyaient avec peine lui succéder un étranger qui n’était pas même un gentleman, au dire des gens de Belton, car il était fermier quelque part en Norfolk. Pourquoi miss Clara n’héritait-elle pas ? miss Clara née parmi eux et qui avait toujours été bonne pour tous.