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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/101

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LE CONTEUR BRETON

Jean et lui dit : — Prends une plume de ma queue et, par sa vertu, demande-moi quand il sera besoin, et tu seras tiré de peine. — Merci, dit Jean en s’en allant.

Maintenant ils arrivent dans la ville qu’habite le roi Fortunatus. Jean va de suite au palais pour remplir sa mission : — Eh bien, dit-il, en voici une affaire ! Vous ne vous doutez pas, je pense, pour quel motif je suis venu vous trouver ? — Comment le saurais-je, puisqu’on ne m’en a pas parlé ? — Alors, écoutez-moi bien, dit Jean. Il y a apparence, sire, que vous avez perdu votre perruque ? — C’est vrai, je l’ai perdue, et par ma foi j’aurais volontiers donné la moitié de mon royaume pour la ravoir. — Bien ; je sais aux mains de qui elle se trouve ; elle est en la possession du roi de Bretagne, à quelque distance d’ici, du côté de l’occident. Je l’avais trouvée dans une garenne au moment où elle venait de tomber du bec de deux corbeaux qui tiraient dessus, comme s’ils avaient perdu la tête. Ils se battaient à son sujet et si bien que leurs plumes volaient, aussi abondantes que la neige qui tombe. Après quelques instants, votre perruque tomba de leur bec et je la ramassai ; puis je l’emportai au palais du roi de Bretagne. Mais celui-ci, voyant combien elle était belle (elle resplendissait comme le soleil) , me la prit et ayant lu votre nom qui était écrit sous la calotte, il me dit qu’il fallait aller lui chercher votre fille. Il assure que vous avez