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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/105

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LE CONTEUR BRETON

d’obtenir votre fille. — Le roi partit en riant, et Jean se jeta tout de son long sur un tas de seigle et froment pour y faire un somme.

Midi venu, Jean dormait toujours profondément et ronflait comme un marsouin, lorsque la servante vint lui apporter son dîner ; il lui fallut se réveiller. — Si c’est ainsi que tu travailles, dit-elle, tu auras bientôt ta danse ; prends garde à ta peau, si tu veux ; la nuit te surprendra et rien ne sera fait. — Apporte-moi mon dîner, dit Jean, et trêve de bruit maintenant ; ce n’est pas toi qui en souffriras, probablement ? — Et Jean de manger son dîner, de fumer une pipe de tabac et de se jeter encore sur le dos pour faire un somme.

Le soleil était sur le point de se coucher, quand il se réveilla : — Oh ! oh ! dit-il, il est temps pourtant de faire quelque chose, je pense, de crainte que mon affaire ne se gâte. — Roi des fourmis, dit Jean, tu m’avais dit que tu me tirerais de peine, si j’en avais. Viens donc, toi et ta bande ; viens vite, pour trier ces grains par espèce, comme on m’a dit de le faire. — Et les fourmis arrivent aussitôt de tous les coins, et ramassent les grains plus vite que je ne suis à vous le dire. Il y en avait tant qu’il en resta une à regarder Jean avec colère, parce qu’elle n’avait pu trouver un seul grain à porter ; les autres avaient tout emporté.

Le travail fini, le roi Fortunatus arrive au coucher du soleil, et voyant que Jean était venu à