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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/121

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LE CONTEUR BRETON

bien que possible. Le bon vent alors venant· à souffler du côté de leur demeure, ils y arrivèrent plus tôt qu’ils n’avaient espéré.

Le roi de Bretagne, qui allait chaque jour à la fenêtre pour voir arriver Jean, fut le premier qui aperçut le navire et le château à sa remorque ; il accourut pour le dire à la princesse. — Venez voir, dit le roi ; regardez et vous verrez arriver votre château ; il est là-bas, au-delà de l’île Benniguet. Venez donc vite et vous verrez que je dis vrai. Celle-ci n’y croyait pas, mais en le voyant, elle dit  : — C’est vrai, c’est bien mon château, je le reconnais bien ; il arrivera bientôt, car le vent et la mer sont favorables.

— Il est probable que maintenant, dit le roi, rien ne s’opposera à ce que vous soyez mon épouse. — Vous croyez cela ? dit la princesse. Je vois bien que mon château est là ; mais à quoi cela sert-il ? Regardez-le bien, roi de Bretagne ; ne voyez-vous pas que les portes sont fermées ? Dès lors, comment y entrerai-je, si je n’ai pas les clefs ? Et il n’y en a pas, car je les ai jetées à la mer, je ne sais où, quand je venais ici. Envoyez un exprès pour les chercher dans le royaume des poissons et me les apporter ; sans cela, je vous le dis, je ne me marierai jamais.

— En voilà bien d’une autre ! dit le roi ; je n’ai jamais vu fille comme celle-ci. Et pourquoi diable ai-je été assez sot pour aller chercher si loin une femme, quand j’en aurais trouvé par ici une