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LE CONTEUR BRETON

Je vais t’envoyer quelque part, méchant garnement, dirent les autres femmes qui étaient autour du lavoir. Tu devrais avoir honte, grand garçon qui a les dents aussi longues que celles d’une vieille vache ! Tout-à-l’heure nous t’apprendrons à manger du pain désormais.

Marianne ne disait mot, car elle avait honte de son enfant gâté, et n’osait faire selon ses désirs, craignant qu’on ne se moquât d’elle. — Jésus ! Vierge Marie ! dit une femme ; est-ce que vous n’êtes pas d’avis de sevrer bientôt ce jeune garçon, ma chère commère ? — Par ma foi, oui, dit Marianne ; il y a même longtemps que j’en cherche le moyen, car je suis sur les dents. Mais je ne sais comment m’y prendre, et de plus, le pain est cher, comme vous savez, et mon mari, s’il est bon pour gagner, est encore meilleur pour dépenser. — Radotages, dirent ensemble les autres femmes, et rien de plus. Vous n’aurez jamais meilleure occasion ; laissez cet enfant gâté demander (à téter) tant qu’il voudra, restez là tranquille, et il aura honte.

Jeannot fit un tapage effrayant, en demandant à sa mère et en la suppliant de lui donner à téter. Quand il fut las, après un moment, le bambin alla chercher au logis un escabeau de bois, et vint jusque sous le nez de sa mère lui demander à téter.

Les autres femmes se bornèrent à rire et à dire chacune leur mot, et à qui mieux mieux, au