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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/191

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LE CONTEUR BRETON

m’emporter sur son dos dans son château, car il a dit que c’était lui qui m’avait sauvée des griffes de l’ogre ; aussi tout le monde croit que je vais sans tarder le prendre pour époux ; ce qui ne sera jamais. — Fiez-vous à moi pour conduire l’affaire à bonne fin, dit Jean, car j’ai aussi sur moi un remède pour ce géant qui bientôt ira chercher les traces de ses deux autres frères.

Le roi fit placer Jean auprès de lui pour le souper, et le géant fut mis à la droite de la princesse ; un grand nombre de gentilshommes du pays furent aussi invités à souper à la table du roi.

Le géant ne refusait pas de boire un coup, aussi lui donna-t-on ce qu’il aimait ; si bien qu’il s’enivra complètement. Alors la fille du roi mit dans son verre le trèfle à cinq feuilles que lui avait donné Jean. À peine l’avait-il avalé, qu’il tomba raide mort sur le plancher, comme une pièce de bœuf découpée. De là son corps fut envoyé en nourriture aux vers et aux autres bêtes.

Jean et la princesse, tranquilles maintenant et joyeux tous les deux, furent mariés l’un à l’autre. On dit qu’ils furent heureux et qu’ils eurent beaucoup d’enfants dont la race subsiste encore dans l’Hybernie.