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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/227

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LE CONTEUR BRETON

désires y aller ; nous irons tous les deux. — Je serais fort aise d’aller à la maison ; mais si c’est demain le jour de la noce, comment pourrons-nous y arriver, si ce n’est quand tout sera terminé ? — Sois sans inquiétude à ce sujet, dit la bête, nous arriverons d’assez bonne heure, pourvu que tu aies fait ton paquet demain au point du jour. — Il sera fait, dit la jeune fille.

— C’est bien alors, dit la bête ; c’est à onze heures que se fait la noce, et avant dix heures nous y serons rendus. Mais quand nous arriverons, ajouta la bête, je te recommande de ne te laisser embrasser par qui que ce soit, ni par ton père, ni par tes sœurs, par personne en un mot. Dis-leur ce que tu voudras pour t’excuser ; car si quelqu’un t’embrassait, je te tuerais immédiatement. Prends tes mesures en conséquence.

Le lendemain de bon matin, la jeune fille, après avoir fait son paquet, le mit sur le dos de sa petite bête, et ils se mirent en route. Ils allèrent alors avec une telle rapidité que celle-ci n’eut le temps de rien entendre ou voir, jusqu’à ce qu’ils furent arrivés auprès de la maison. — Nous sommes près de la maison de mon père, dit-elle ; voilà là-bas ma sœur qui vient à ma rencontre. — Garde-toi, je t’en prie, de te laisser embrasser soit par elle, soit par tout autre. — Son père aussi vient à sa rencontre, et quand ils sont près, ils se précipitent pour l’embrasser. — Je ne le puis, dit la jeune fille, cela m’a été défendu ; il