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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/243

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LE CONTEUR BRETON

dirai. Mettez cette peau dans une chambre et veillez à ce que jamais eau ou feu ne la touche, car alors (que ce malheur n’arrive pas !) nous serions séparés l’un de l’autre, et nous ne nous reverrions plus. Voilà ce que vous aurez à faire et à observer ; comme vous voyez, ce n’est pas difficile.

Ses sœurs qui étaient venues à la noce, étaient femmes et, de plus, malicieuses et curieuses, s’il en fût. Elles n’étaient pas venues pour leur sœur seulement, ni par tendresse pour elle. Des filles comme elles ne sont pas fortes pour aimer, si ce n’est elles seules. Mais elles étaient venues pour savoir ce qui se passerait entre les deux époux la première nuit de leur noce. Ce désir qu’elles avaient de voir ce qui se passerait, leur suggéra l’idée de faire pratiquer, à l’insu de tout le monde, deux trous de tarière dans la chambre qu’elles occupaient, au-dessus des nouveaux mariés. Par ces trous, ces deux (indiscrètes) avaient vu tout ce qui s’était fait et entendu ce qui s’était dit.

Quand les deux sœurs virent combien était beau cet homme actuellement, elles devinrent jalouses de leur sœur. — Elle a eu un mari plus beau que les nôtres, dirent-elles, et elle sera aussi plus heureuse avec lui que nous avec nos époux, si nous ne venons pas à bout de les séparer l’un de l’autre. — Voilà comme le mal couve dans le cœur !

Huit jours se passèrent ainsi. Au bout de neuf jours, le nouveau marié part pour la chasse et