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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/259

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LE CONTEUR BRETON

La jeune femme va garder les poules, et chaque jour elle voit aller au palais, dans une chaise à porteur, une dame ou une jeune demoiselle qu’elle ne connaissait pas. En la voyant chaque jour aller et venir, Marie demanda un jour qui elle était. Voilà qu’on lui apprit que c’était celle qui allait sur ses souliers, c’est-à-dire celle qui, dans peu, devait épouser le prince. — Si je le puis, elle ne se mariera pas, dit Marie dans son cœur. — Elle mit alors son coq d’or dehors avec les autres volailles.

Cette princesse (car c’était une princesse), voyant ce beau coq, quand elle passa dans la cour, en fut émerveillée ; il était seul parmi les poules, parce qu’il avait vaincu les autres coqs et les avait envoyé promener avec son bec d’or, plus dur, selon l’apparence, que n’était le bec de ceux-là. A qui est ce beau coq, dit la princesse ? — A moi, dit la gardeuse de volailles, je le tiens de mon père. — C’est bien, dit la princesse, je voudrais l’avoir, et je l’aurai. — Je ne sais trop, dit la jeune femme, si je vous le vendrai ; je n’ai pas grande envie de vous céder mon coq. — Demande de ton coq le prix que tu voudras. — Si je le vends, je ne le donnerai pas à moins de neuf mille écus, et une nuit a passer dans la chambre de votre futur. Si cela vous va, prenez-le ; vous ne l’aurez pas à moins.

La princesse consentit à ce qu’elle demandait, et pourtant elle était surprise que la jeune femme lui eût mis pour condition qu’elle passerait une