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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/267

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LE CONTEUR BRETON

dormir (mais il n’en était rien), quand il entendit la porte s'ouvrir, et vit la gardeuse de poules entrer dans sa chambre.

— Je suis venue te voir pour la dernière fois, dit elle. À quoi me sert-il de te parler et de me plaindre, comme je l’ai fait les deux nuits précédentes, puisque tu ne fais pas cas de m’écouter. C’est pourtant moi qui t’ai tiré de peine, j’ai usé trois paires de souliers en métal en allant à ta recherche ; c’est moi qui ai enlevé les taches de cette chemise que tu portais quand tu me donnas un soufflet qui fit rejaillir mon sang. Tant pis, dit elle ; tiens un soufflet de ma main, puisque tu ne te réveille pas ; je n’aurai rien à te reprocher. Et elle alors de lui appliquer un soufflet, le mieux qu’elle put.

Le prince se lève alors, et reconnaissant sa femme, il l'embrasse en pleurant. Il appelle son domestique qui vient avec de la lumière, et fait apporter des vêtements à son épouse, en disant — C'est demain, dit-on, le jour de mes noces ; mais sois sans inquiétude, je ne me marierai pas, et toi seule tu seras mon épouse.

Le lendemain tous les invités arrivent pour la noce, avant d’aller à l'église, ainsi qu’était la coutume en ce pays. Les plus grands princes du royaume étaient présents, ainsi que le beau-père, comme vous pouvez croire, et sa fille était auprès de lui (rien n’était plus naturel). Tous étaient en liesse, lorsque le jeune prince se lève pour dire : — Puisque ce jour est le mien, je voudrais, ici et devant tous, demander un avis à mon beau-père.