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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/279

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LE CONTEUR BRETON

surtout, car après ce qu'Ivon a fait pour vous, aucun de vous, ni toi non plus, ne lui a donné la moindre chose, on ne l'a même pas remercié. Vous ne savez pas vivre. Je trouve cependant qu'il eût été bien que vous lui eussiez accordé une chose ou l'autre, chacun selon ses moyens. Mais non ! vous ne cherchez qu'à vous remplir le ventre ; aussi n'est-ce pas sans motif que vous êtes souvent blâmés par les hommes ; vous ne valez pas mieux qu'eux.

— C'est bon, c'est bon, ne fais pas tant de bruit, dit le lion, s'il n'y a que cela à faire, la chose n'est pas difficile. — Et le lion aussitôt d'appeler les autres autour de lui, et d'aller de là chercher Ivon. Quand ils furent arrivés, le lion dit : — Tout-à-l'heure, garçon, tu as partagé cette charogne entre nous, et tu l'as bien partagée, car aucun de nous n'a eu lieu de se plaindre. Il est donc juste maintenant, je trouve, que tu reçoives de nous quelque chose pour récompense. — Donnez ce que vous voudrez, dit Ivon, ce qui sera, sera ; peu m'importe quoi. — Voici ce que moi je te donne, dit le lion. Tant que tu seras en vie, tu n'auras qu'à dire, si cela t'est nécessaire : Que je devienne lion ; et aussitôt tu deviendras un lion six fois plus grand, plus fort et plus puissant que je ne le suis.

Après le lion, les autres dirent aussi à Ivon qu'il pourrait, à son gré, devenir tigre, léopard, loup, ours, renard six fois plus grand, plus fort et plus