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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/327

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LE CONTEUR BRETON

ventre grossit chaque jour, et je ne saurais vous dire ce qui m’arrive.

Gradlon aimait beaucoup sa fille et la laissa tranquille encore quelque temps, jusqu’à savoir ce qui arriverait plus tard. Il a cependant des soupçons et il dit en lui-même : — Elle ne veut pas m’avouer la vérité, ni dire a qui elle s’est donnée ; on verra quand le moment sera venu.

Le terme arrivé, Ahez accoucha et eut un garçon. Alors Gradlon dit à sa fille : — Il ne te sert de rien actuellement de cacher la vérité ; la rumeur s’est confirmée. Tu viens d’accoucher et tu as mis au monde un petit garçon ; dis-moi maintenant qui est son père. — Si je le savais, mon père, il ne me serait pas difficile de vous le dire ; mais, ce qu’il y a de pis, je ne le sais pas plus que vous ne savez comment cela m’est arrivé. — Ahez était la fille qui pleurait, en parlant ainsi à son père ! Celui-ci, sans dire mot, s’éloigna attristé et en se grattant la tête. — Ce que dit ma fille est peut-être vrai, et je le croirais assez, car aucun homme n’a jamais mis le pied dans sa chambre ; cependant il faut que je sache, si je puis, quel est le père de l’enfant. — Alors Gradlon envoie dire à un druide extrêmement vieux qui demeurait à environ quatre lieues de là, de venir le trouver au plus tôt. Celui-ci, le druide, habitait une vaste forêt. Il avait quitté Gradlon il y avait longtemps, quoiqu’il eût fait son instruction et son éducation. Il était grand-prêtre des faux dieux, et l’on disait