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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/341

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LE CONTEUR BRETON

rent une telle frottée, qu’ils tombèrent là tout de leur long et qu’ils périrent tous, à l’exception d’un seul comme précédemment. — Eh bien, dit Christophe, êtes-vous plus satisfaits maintenant, bonnes gens ; je vous l’avais dit ; vous ne voulez pas m’écouter, tant pis pour vous !

Quand il apprit ce qui était encore arrivé, le roi Gradlon se mit encore à dire : — Plutôt que d’être vaincu par cet idiot, je veux que tous mes soldats aillent maintenant me le chercher. — On nomma pour les commander les plus grands personnages de la cour, et ils partirent aussitôt. — Arrivez, dit Christophe, en les regardant. Vous ne serez pas mieux traités que les autres, et votre maître aura beau faire, il viendra lui-même me trouver, quand bien même cela ne lui plairait pas. Quant à moi, je ne bougerai pas de mon île, — Ceux-ci, les soldats de Gradlon, périrent encore tous, et il n’en revint qu’un seul pour dire au roi que jamais il ne vaincrait Christophe, et qu’il fallait qu’il allât lui même le trouver, s’il avait envie de lui parler.

— Puisqu’il le faut, j’irai, dit le roi ; je dois voir ce qui est arrivé à Christophe. — Arrivé dans l’île avec les gens de sa cour, le roi Gradlon fut étonné, s’il le fût jamais, en voyant combien était beau le manoir de ce lieu. Il rencontre Christophe, et celui-ci, son bâton à la main, et sans ôter son bonnet de dessus sa tête, lui dit : — Eh bien, sire, vous êtes donc venu me trouver ; vous avez bien fait, car pour moi je n’ai nul besoin de vous et je ne serais jamais allé dans votre palais, puisque vous m’en avez chassé. — Pourquoi, dit le roi,