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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/45

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LE CONTEUR BRETON

main, de bonne heure, ma mère, je compte quitter ces lieux ; et je les quitterai. — Et où iras-tu ? Que te manque-t-il ? Ne te trouves-tu pas bien ici ? Qui a pu te faire de la peine ? — Je n’ai nul motif de me plaindre, dit Goarec, et pourtant je suis décidé à partir ; Dieu me conduira où il voudra. Laissez-moi donc partir, ma mère, j’y suis bien résolu.

La meunière, voyant alors qu’elle ne pourrait le faire renoncer à son projet, lui donna tout l’argent qu’elle put lui donner. Le lendemain matin, à la pointe du jour, Goarec fit ses adieux à son père et à sa mère nourriciers, ainsi qu’à ses deux frères, qui l’accompagnèrent un bout de chemin.

Il y avait deux jours qu’il s’était mis en route, lorsqu’il se trouva, vers le soir, sur un plateau large et élevé. De là il aperçut au loin le soleil sur le point de se coucher ; à la lueur rouge qu’il répandait, on eût dit un cercle de feu. Goarec, en ce moment, demandait du fond du cœur à être éclairé par le soleil de vérité, cette lumière si belle qu’il cherchait en tous lieux pour se mettre sur la trace de son père et de sa mère.

Les yeux tournés vers le ciel, il n’aperçut pas près de lui une vieille petite femme qui, la main tendue, lui demandait un morceau de pain. — Un morceau de pain, dit Goarec, qui venait de l’apercevoir, je n’en ai plus, ma pauvre femme, mais je puis, si vous voulez, vous donner de l’argent. — Je vous remercie, et n’en parlons plus, car je sais que vous avez bon cœur. Je n’ai nul besoin