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Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/61

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LE CONTEUR BRETON

sant en Bretagne. Vous ferez au mieux ce qu’il vous plaira de faire ; aucun ennemi ne pourra vous résister longtemps, et pourvu que vous soyez loyal en toutes choses, votre puissance n’aura pas d’égale. Afin de vous guider dans vos actions, je vous fais présent de la petite pierre verte que j’avais donnée à ma filleule pour cueillir la Pomme de beauté. Elle a été l’instrument de son malheur ; faites-en meilleur usage ! Grande est sa vertu, car elle a été détachée par moi-même de cette pierre immense sur laquelle le monde tourne comme sur un essieu ; le feu ni l’acier ne peuvent l’attaquer ; elle peut tout faire, excepté le mal. Quand vous aurez envie de quoi que ce soit, pourvu que ce soit quelque chose de bien, vous n’aurez qu’à la prendre, et l’objet de vos désirs sera accompli. Si au contraire vous avez de mauvais desseins, la pierre verte deviendra rouge d’abord, puis elle se fondra, si vous persistez dans vos mauvaises pensées. Suivez donc mes avis, Clézé, comme vous avez suivi ceux de ma filleule. Je savais fort bien que vous deviez la tirer de peine, car c’est moi qui vous ai envoyé près d’elle, afin que vous devinssiez heureux par elle, et elle par vous. De même que vous êtes fils de roi, elle est fille ; ses parents règnent sur une magnifique contrée au-delà des mers. Dans quatre ans, à la suite d’une guerre où vous triompherez des perfides Anglais par la vertu de votre petite pierre verte ; dans quatre ans, dis-je, votre père de-