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Page:Trudelle - Paroisse de Charlesbourg, 1887.djvu/135

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PAROISSE DE CHARLESBOURG

sur les provisions du roi. De plus il faisait acheter sous main le peu de blé qu’on récoltait et le revendait à gros profits. La tradition a conservé la mémoire de son fameux magasin qu’il tenait près du Palais et que le peuple, dans son langage pittoresque, avait baptisé du nom de La Friponne. L’histoire flétrit les noms de Deschenaux, Cadet, Corpron, Varin, Pénissant, Maurin, Estèbe, de Noyan et Péan, les complices et les compagnons de plaisir de Bigot. Il se donnait au Palais de l’Intendant des bals magnifiques et, pendant que les convives s’égayaient autour d’une table chargée de mots et de bons vins, on voyait rôder, dans le voisinage, des pauvres qui criaient la faim. On jouait des sommes folles et les soldats ne recevaient point leur solde et étaient à peine nourris et habillés, tandis que les officiers étaient obligés d’emprunter pour vivre. C’est en vain que le Marquis de Montcalm adressait en France les plaintes les plus énergiques, on ne l’écoutait pas. Bigot était protégé par Madame de Pompadour[1]. »

  1. Montcalm écrivait entre autres choses au Maréchal Belle-Isle, en 1758 : « On fait d’immenses accaparements de toutes choses que l’on vend ensuite à cent cinquante