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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/173

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Puisque le commerce est nécessaire, et qu’il est impossible d’entreprendre aucun commerce sans des avances proportionnées à son étendue, voilà encore un emploi de richesses mobiliaires, un nouvel usage que le possesseur d’une masse de valeurs mises en réserve et accumulées, d’une somme d’argent, d’un capital en un mot, peut en faire pour en tirer avantage, pour se procurer la subsistance, pour augmenter, s’il le peut, ses richesses.

§ LXIX. — Véritable notion de la circulation de l’argent.

On voit, par ce qui vient d’être dit, comment la culture des terres, les fabriques de tout genre, et toutes les branches de commerce roulent sur une masse de capitaux ou de richesses mobiliaires accumulées qui, ayant été d’abord avancées par les entrepreneurs dans chacune de ces différentes classes de travaux, doivent leur rentrer chaque année avec un profit constant ; savoir, le capital pour être reversé et avancé de nouveau dans la continuation des mêmes entreprises, et le profit pour la subsistance plus ou moins aisée des entrepreneurs. C’est cette avance et cette rentrée continuelle des capitaux qui constituent ce qu’on doit appeler la circulation de l’argent, cette circulation utile et féconde qui anime tous les travaux de la société, qui entretient le mouvement et la vie dans le corps politique, et qu’on a grande raison de comparer à la circulation du sang dans le corps animal. Car si, par un dérangement quelconque dans l’ordre des dépenses des différentes classes de la société, les entrepreneurs cessent de retirer leurs avances avec le profit qu’ils ont droit d’en attendre, il est évident qu’ils seront obligés de diminuer leurs entreprises ; que la somme du travail, celle des consommations des fruits de la terre, celle des productions et du revenu, seront d’autant diminuées ; que la pauvreté prendra la place de la richesse, et que les simples ouvriers, cessant de trouver de l’emploi, tomberont dans la plus profonde misère.

§ LXX. — Toutes les entreprises de travaux, surtout celles de fabrique et de commerce, n’ont pu être que très-bornées avant l’introduction de l’or et de l’argent dans le commerce.

Il n’est presque pas nécessaire de remarquer que les entreprises de tout genre, mais surtout celles des fabriques, et encore plus celles de commerce, n’ont pu être que très-bornées avant l’introduction de l’or et de l’argent dans le commerce, puisqu’il était presque impossible d’accumuler des capitaux considérables, et encore plus diffi-