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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/301

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tion si grande que, dans l’année de disette, le prix devient plus que double, ou d’un dixième au-dessus du double de celui de l’année surabondante : ce qui ne permet pas de régler les salaires avec équité, et jette le peuple laborieux dans l’excès de la misère lorsque la récolte devient très-mauvaise.

    On voit encore que le produit total des cinq années étant de
565 liv.
    Et les frais de culture de
480     

    Il ne reste de revenu disponible pour les cinq années que
  85 liv.

ce qui ne donne par année, pour l’arpent de bonne terre ordinaire, que 17 livres à partager entre le propriétaire et les contributions publiques[1] ; et si celles-ci sont réglées au cinquième, elles ne pour-

    le déficit n’a été que de 11 pour 100 en quantité, et le prix cependant a sauté de 20 francs à 32 francs.

    L’année 1846 a laissé un déficit de 122 jours ; mais c’est une année de détresse, et les années les plus calamiteuses sont en général loin de celle-là. — Ainsi,

    1788 a laissé 50 jours de déficit.

    1801          50           do.    

    1811          58           do.    

    1816        122           do.    

    1828          33           do.    

    1831          47           do.    

    Quand Turgot demande des entrepôts internationaux, ce n’est pas pour le vain amour de la liberté commerciale ; c’est qu’il savait qu’il est impossible sans eux de faire face aux besoins amenés par la mauvaise récolte, besoins qui ne sont connus que tard, et quand il n’est déjà plus temps d’y porter remède.

    Ainsi, en 1788 le déficit est de 50 jours ; les importations ne sont que de 26 jours ;

    En 1804, le déficit est encore de 50 jours, les apports de 8 jours ;

    En 1841, ils sont de 30 pour 100 des besoins ;

    En 1816, de 32 pour 100 ;

    En 1828, de 30 pour 100, etc.

    L’absence d’entrepôts internationaux a donc forcé la nation à jeûner, et Dieu sait les souffrances qu’endure alors le pauvre peuple, comme dit Turgot.

    Il est bon d’ajouter que, dans l’état actuel des choses, la récolte normale, qui donne 5 hectogrammes par habitant, ou 182 kilogrammes par an, est de 647 millions de kilogrammes. (Hte Dussard.)

  1. Du temps de M. Turgot, les impositions directes sur les biens en roture, et même sur les terres affermées des seigneurs, et comprenant la taille, la capitation des taillables, les autres impositions qu’on appelait accessoires et les vingtièmes, emportaient le tiers du revenu, ou une somme égale à la moitié de ce qui en restait au propriétaire. On a vu dans tous les avis de M. Turgot sur la taille, combien il se plaignait de ce que cette forte proportion était excédée dans la généralité de Limoges, au point d’emporter une part à peu près égale au revenu des propriétaires, et d’attribuer ainsi au gouvernement, en impositions directes, la moitié du revenu