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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/441

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propriétaire, chaque année une somme fixe en argent, ou une quantité fixe de grains ?

XIV. Trouve-t-on beaucoup d’exemples à la Chine de propriétaires qui aient abandonné des terres à perpétuité moyennant une redevance annuelle en grains ou en argent ?

XV. Si ces différents usages ont lieu à la Chine, n’observe-t-on pas, comme en France, qu’il est plus commun de donner les terres à moitié ou au tiers des fruits dans les provinces moins riches, plus éloignées de la cour, moins bien situées pour le commerce, telles que les provinces de Chen-si, de Se-tchouen, d’Yun-nan ; et qu’au contraire on trouve plus communément des fermiers dans les provinces riches et plus à portée des consommations et du commerce, comme les provinces de Pe-tche-li, de Kiang-nan, de Kouang-tong, de Fokien, etc. ?

XVI. Dans les provinces méridionales de la Chine on cultive la terre avec des buffles ; ne la cultive-t-on pas plus communément avec des bœufs semblables à ceux d’Europe dans les provinces du Nord ? N’emploie-t-on pas aussi des chevaux à la culture ? Et dans ce cas ne remarque-t-on pas que l’usage des chevaux n’a lieu que dans les provinces où l’usage des fermiers est établi ?

XVII. Est-il commun à la Chine de vendre et d’acheter des fonds de terre ?

XVIII. Quel est le prix commun des terres eu égard à leur revenu annuel, ou quel est le denier auquel on les achète ordinairement ? Les paye-t-on quinze ou vingt fois, ou trente, ou quarante fois la valeur de ce revenu ?

XIX. Quel est l’intérêt ordinaire de l’argent prêté ? est-il au denier vingt ou à cinq pour cent, ou bien plus fort ou plus faible, à trois ou quatre pour cent, ou bien à six, à dix, à quinze pour cent[1] ?

  1. D’après le père Amyot, qui écrivait vers 1760, l’intérêt légal de l’argent à la Chine n’était pas au-dessous de 18 pour 100, et se prêtait souvent à 30 dans le commerce. Les rapports plus récents des Anglais et des missionnaires ne nous apprennent pas que cet état de choses ait changé, et, comme à cette époque, chaque bourg continue d’avoir sa maison de prêt sur gages. Ce taux énorme d’intérêt a des causes multiples sans doute ; mais on ne peut nier que la principale ne soit dans l’oppression qui frappe le travail du pauvre dans tout pays où règne le despotisme. Ce régime, en aggravant les chances désastreuses attachées à l’emploi des capitaux, rend nécessaire le payement d’une plus forte prime d’assurance à ceux qui en sont détenteurs. Et l’élévation de l’intérêt entraînant par contre-coup celle des profils, le résultat naturel est d’accroître la fortune du riche et d’empirer la