Aller au contenu

Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/492

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tions et des privilèges demandés par les sieurs La Forêt, entrepreneurs d’une manufacture de cotonnades à Limoges. J’étais entré, en vous donnant mon avis sur ces demandes, dans un détail fort étendu, et j’aurais fort désiré que vous eussiez pu vous décider en conséquence, sans avoir besoin d’éclaircissements ultérieurs. — Mais vous m’avez témoigné, par votre réponse, que vous aviez de la répugnance à leur accorder quelques-uns des privilèges que je proposais en leur faveur. Vous m’avez fait part des motifs de cette répugnance, en désirant de savoir si je croirais devoir insister sur les articles de ma lettre qui vous paraissaient susceptibles de difficulté, et en me priant de vous envoyer un projet de l’arrêt, tel que je croirai convenable de l’expédier.

Je ne rappellerai point, monsieur, les différents détails où j’étais entré dans ma première lettre, que vous pourrez vous faire remettre sous les yeux. Il suffit de vous présenter le résultat par lequel j’avais terminé cette lettre[1]

Je vais successivement parcourir les réflexions dont vous m’avez fait part sur ces différents privilèges.

Votre première observation tombe sur l’exemption de milice, renfermée dans les anciens privilèges dont les sieurs La Forêt demandent la continuation. Vous pensez qu’il serait à désirer que des ouvriers attachés à une manufacture ne fussent pas exposés à se voir arracher de leurs ateliers pour aller faire malgré eux le métier de la guerre auquel ils ne sont pas destinés, et pour lequel leurs talents acquis deviennent parfaitement inutiles ; mais vous observez que, M. le duc de Choiseul paraissant disposé à rendre cette charge publique aussi égale qu’il sera possible entre ceux qui y sont assujettis, il vous paraît bien difficile d’en obtenir l’exemption, et vous croyez qu’il peut être nécessaire de s’adresser au ministre pour s’assurer si cette grâce pourrait se concilier avec le plan qu’il s’est formé.

Je crois pouvoir vous répondre, monsieur, ainsi que je l’ai déjà fait en vous donnant mon avis sur l’établissement de la manufacture du sieur Nadal, d’Angoulême, que toutes les exemptions de milice, accordées par des arrêts du conseil à différentes manufactures, n’ont souffert, de la part de M. le duc de Choiseul, aucune espèce de difficulté ; et que les plans adoptés par ce ministre sur la milice n’étant

  1. Turgot reproduit ici les quatre derniers points de sa première lettre. Voyez plus haut, page 360.